Quand j’ai fait mon petit tour du Japon en 2005, j’avais beaucoup de temps et de nombreux endroits à découvrir. Les escales ne manquaient donc pas et les trains locaux faisaient mon bonheur. Si je suis loin d’avoir changé d’avis, je ne peux désormais nier le confort du shinkansen. Vous prenez un Nozomi à Shin-Yokohama vers les 6 heures, ouvrez un oeil sur le coup des 8 heures à l’annonce de la gare de Kyôto et, quelques changements plus tard, vous rencontrez par hasard dans un train de campagne les amis avec qui vous aviez rendez-vous pour une visite de Kôya-san…

Koya-san

Ah Koya-san ! J’imaginais ce complexe de temples perdus dans la montagne comme une sorte de Nikkô fourmillant de bonzes à la ferveur inébranlable : grossière méprise et amère déception ! Si les temples et les moines sont bien là, l’adjectif « perdu », et tout ce qu’il suscite comme images dans la tête du petit voyageur que je suis, est sans conteste de trop. C’est bien simple : on était déjà en plein milieu de ce qu’il y avait à voir que je continuais à répéter a mes amis « Vivement qu’on trouve la porte principale qui ouvre sur le complexe ! Ça va être fabuleux ! ». Certes, j’ai eu tort de me faire des idées, mais il faut dire que tout le monde y met du sien pour éviter de mentionner cette ignoble rue commerçante, sans cesse parcourue de voitures, qui défigure le mont Kôya comme une vilaine cicatrice mal refermée. Que ce soit les posters aux photos soigneusement cadrées pour faire la promotion des lieux ou le Lonely Planet qui insiste sur le fabuleux cadre naturel du site, rien ne laissait présager d’un tel sacrilège.

Koya-san

Depuis Osaka, un tout petit train local vous amène dans la vieille gare de Gokuraku-bashi, dont la seule fonction semble être de faire le lien avec un vieux téléphérique qui vous dépose lui aussi au milieu de nulle part, ne vous laissant comme possibilité que de prendre le bus pour continuer à vous enfoncer dans la montagne. On se sent donc de plus en plus coupé du reste du monde, alors qu’au final le bus nous dépose au beau milieu d’une nationale directement reliée à Osaka ! En fait, je n’en sais rien et ne suis pas allé vérifier, mais cette exagération éhontée n’est là que pour vous faire comprendre à quel point on aurait presque l’impression que le trajet n’est que la continuation d’une vaste mascarade marketing n’ayant pour but que d’attirer plus de monde. Je plains d’ailleurs les pauvres touristes qui font tout ce chemin pour aller dormir dans un temple : inutile d’aller aussi loin pour une telle expérience…

Koya-san

Avant de recevoir de plein fouet les foudres de mes lecteurs, relativisons tout de même un peu ces propos. Une fois le premier choc passé et en se promenant un peu, on comprend un peu mieux pourquoi l’endroit est si réputé. Dès qu’on s’éloigne de la fameuse route, la plupart des endroits sont calmes et agréables et un site comme le cimetière géant de Oku-no-in est tellement remarquable et unique en son genre qu’il mérite à lui seul le déplacement. Pas de photos malheureusement, je ne sais trop pourquoi, mais l’atmosphère très spéciale qui se dégage de cette forêt de cyprès géants criblée de tombes y est certainement pour quelque chose. 😉

Koya-san

Vous l’aurez compris : j’ai (on a ?) été victime d’une image trop idéalisée des lieux et de laquelle je ne me suis aucunement méfié. Il n’en reste pas moins que Oku-no-in restera pour moi un souvenir impérissable qui m’a fait très forte impression. Je suis également persuadé qu’il y a de magnifiques randonnées à faire, ce qui est peut-être le seul et unique moyen d’avoir un aperçu du vrai Kôya-san, celui de l’ère pré-consumérisme et de son fléau auquel je participe finalement à ma manière : le tourisme.

Voyage dans le Kansai et Shikoku (été 2008) : Mont Kôya => Nanki Shirahama => En route vers Shikoku => Awa Odori à Tokushima => Shôdo-shima

Infos pratiques

Horaires : accès libre à beaucoup d’endroits, prévoir une fermeture vers 16h30 pour la plupart des temples si vous souhaitez les visiter
Tarifs : variables
Accès : depuis la station Namba à Osaka, prendre la ligne Nankai jusqu’au terminus Gokuraku-bashi, prendre ensuite le téléphérique jusqu’à la gare Kôyasan (prix du téléphérique souvent compris dans le billet de train), de là, prendre un bus pour aller dans le centre du complexe
Liens utiles et références : page internet (japonaisfrançais)

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Galerie photos

Date des clichés : 2008/08/11 – Apn : Canon EOS 40D

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