Tôkaikan de Itô

Tôkaikan : 伊東東海館

Si l’on passe par le petit office du tourisme d’Itô, on ne peut que porter attention au Tôkaikan, un ryokan de 1928 aujourd’hui inexploité. La brochure explicative d’un bleu profond, qui vante en japonais et en anglais les qualités de cet édifice, a le mérite d’attirer l’œil avec quelques clichés accrocheurs…

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Même si je ne suis pas vraiment là pour faire du tourisme, je me laisse rapidement tenter par l’aventure, et me voilà aussitôt parti pour un peu d’exploration. Après 10 petites minutes à pied dans un environnement tout ce qu’il y a de plus urbain et ponctué de sculptures d’art moderne, j’ai tout a coup l’impression de tomber dans une faille temporelle en pénétrant dans la ruelle indiquée par le plan, assez simpliste, que l’on m’avait donné.

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La bâtisse en bois est bien là, se prélassant de toute sa longueur et accueillant les visiteurs d’un héron sur fond de soleil levant. À ses côtés se dresse un autre ryokan, toujours en activité lui, mais tout aussi bien achalandé, l’ensemble donnant l’impression que tout un pan du passé s’est figé, laissant au promeneur de passage une douce impression de pénétrer un âge pourtant révolu.

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Après m’être acquitté des insignifiants 300 yens de droit d’entrée, je m’attarde quelques instants sur le petit jardin intérieur, qui gît là, comme arrosé de lumière blanchâtre par l’étroit puits de jour que forment les trois étages de l’édifice. Le ton est donné: l’endroit est paisible et appelle à un calme respectueux.

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Je quitte finalement ma torpeur contemplative pour me diriger vers un petit musée narrant l’histoire de l’hôtel. J’avoue n’avoir jamais été grand amateur de ces enchaînements de dates et d’évènements que sont les récits historiques, surtout lorsqu’ils sont dans un anglais si approximatif que tout Français y perdrait son latin. Je ne passe donc dans ces deux petites pièces que le temps nécessaire à observer quelques vieux clichés jaunis par le temps, ne m’attardant même pas sur les ordinateurs mis à disposition pour une visite interactive des lieux.

Tôkaikan de Itô

L’aile du bâtiment qui abrite les chambres s’avère fascinante dès le rez-de-chaussée. Toutes les entrées sont agencées telles de petites maisons avec chacune un nom. Les portes, coiffées d’un auvent le plus souvent soutenu par une branche d’arbre vernie en l’état et que l’on croirait presque encore en train de frayer son chemin dans la structure, sont faiblement éclairées d’une douce lumière diffusée par des lanternes aux motifs naturels.

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Le bois omniprésent donne presque la sensation que l’on arpente non pas une maison faite de cette noble matière naturelle, mais plutôt un arbre géant lovant des demeures en ses creux et nœuds. Cette impression est renforcée par les jeux des lumières naturelle et artificielle, constamment filtrées par des parois en papier et glissant entre les mailles de filets sylvestres.

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De longs couloirs déserts, une silhouette en yukata, on s’attend à tous moments à voir passer une geisha. Elle se presserait vers la chambre d’un riche commerçant désireux de distraire certains de ses plus fidèles clients pour la nuit. C’est l’esprit grisé par le sake se déversant sur le rythme d’un shamisen que l’un d’entre eux aurait rejoint le beffroi du troisième étage, finissant cette soirée de pleine lune en compagnie de la charmante servante qu’il n’aurait pas quitté des yeux de la soirée.

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Quasiment la totalité des pièces étant libres d’accès, je ne manque pas de leur faire honneur en les visitant une à une. Toutes sont similaires mais aucune n’est semblable : tout est détail et finesse; l’exposition permanente d’un véritable trésor d’artisanat.

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De petites vérandas donnant sur la rivière que surplombe le ryokan agrémentent chaque chambre ainsi inondée de soleil, décuplant par là même les odeurs déjà enivrantes des tatamis mêlés au bois.

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La matinée est déjà bien entamée lorsque je me décide à quitter les lieux. Midi approchant, je fais une dernière halte dans le café du rez-de-chaussée pour prendre une légère collation et profiter du chant du cours d’eau voisin, trame sonore des plus adaptées à l’incessant chœur des semi, les cigales locales.

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C’est en longeant la rive opposée de ce même cours d’eau que je m’éclipse lentement de ce rêve d’été, prêt à y replonger dès que l’occasion s’en présentera…

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Date des clichés : 2007/07/19 – Apn : Canon EOS 350D

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